The White House in Washington DC at night

L'impact de la technologie sur la politique

February 21, 2024 21 minute read
Ses effets, qui oscillent entre troublant et inspirant, méritent un examen
The White House in Washington DC at night

La technologie a toujours joué un rôle dans la politique. Pensez à l'impact des débats télévisés entre John F. Kennedy et Richard Nixon lors de la course à la présidence. Mais la technologie digitale a réellement pris de l'importance lors de la première campagne de Barack Obama pour la présidence des États-Unis. Dynamisée par de jeunes collaborateurs bénévoles férus de technologie, sa campagne a utilisé les technologies digitales comme jamais auparavant. Parmi les tactiques utilisées, citons la diffusion de vidéos du candidat sur YouTube, la création d'une page Facebook, l'envoi de SMS à un million d'abonnés et le déploiement d'e-mails ciblés à l'intention des électeurs dans des États clés.

Aujourd'hui, ces tactiques semblent banales, mais à l'époque, elles étaient révolutionnaires. Alors que Barack Obama était occupé à envoyer des e-mails (1 milliard à la fin de la campagne), le public américain apprenait que son adversaire John McCain n'utilisait jamais les e-mails. À l'automne 2008, le sénateur de l'Illinois, peu connu, comptait déjà 2,5 millions d'amis sur Facebook, soit près de quatre fois plus que John McCain, et plus de 115 000 abonnés sur Twitter, contre environ 5 000 pour M. McCain.

Ensuite, il y a eu la collecte de fonds d'Obama. Menée presque entièrement en ligne, cette collecte s'est concentrée sur l'obtention de petits dons, qui se sont finalement élevés à près de 750 millions de dollars à la fin de la campagne. Il s'agit d'un montant record, qui a dépassé tous les résultats de collecte de fonds jusqu'alors obtenus par des candidats à l'élection présidentielle.

Obama et son équipe de campagne ont compris ce qu'aucun autre candidat n'avait compris à l'époque : les outils numériques étaient et sont toujours très, très, très puissants, et de surcroît, rentables. La publication de vidéos sur YouTube était gratuite et les internautes ont regardé les vidéos de Barack Obama pendant 14,5 millions d'heures au total. S'il avait fallu acheter ce même nombre d'heures aux heures de grande écoute de la télévision, le montant se serait monté à 47 millions de dollars.

L'utilisation de YouTube et d'autres sites de réseaux sociaux a également permis à la campagne de s'adresser directement au public. Les messages de Barack Obama ont pu être diffusés sans l'interférence des grands médias et ont donné au public américain une certaine liberté d'action. Plutôt que d'interrompre leurs programmes télévisés préférés, les vidéos pouvaient être regardées au moment et à l'endroit de leur choix et, plus important, partagées par e-mail ou sur les réseaux sociaux. De même pour les e-mails de la campagne, les messages sur les réseaux sociaux et le site web d'Obama, régulièrement mis à jour. Tout ce contenu numérique était parfaitement partageable et a favorisé le développement d'une communauté, valeur que Barack Obama, ancien organisateur de communautés, a largement mise en avant au cours de sa campagne.

Comme nous le savons aujourd'hui, l'accueil a été considérable et l'initiative très opportune. Selon le Pew Research Center, lors des élections de 2008, plus de la moitié des électeurs en âge de voter ont pour la première fois utilisé Internet pour s'engager dans le processus politique. Les efforts d'Obama ont coïncidé avec l'émergence de la digitalisation de la politique. Ils ont trouvé un écho auprès des « digital natives », déconcertés par le rejet des e-mails proclamé par McCain.

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Screenshot of Barack Obama's tweet on November 5, 2008, on the eve of his election as the first black U.S. president

Si Barack Obama a été le « premier » à bien des égards (premier président afro-américain, premier président métis, premier président né à Hawaï), il est aussi le premier président de l'ère numérique. L'Association of National Advertisers et le magazine Advertising Age ont reconnu ses compétences en 2008, lorsqu'il a été nommé « marketer of the year ».

La technologie, une arme politique

Depuis, hommes politiques et gouvernements du monde entier se sont emparés du manuel d'Obama et l'ont suivi à la lettre. Aux États-Unis, les vidéos virales du Projet Lincoln, les tweets percutants d'AOC (Alexandria Ocasio-Cortez) et l'utilisation habile des médias sociaux par l'ex-président Trump en sont la preuve.

Watch They Knew on YouTube.



 

 

Mais l'utilisation de la technologie en politique ne se limite pas à l'élection (ou à la non-élection) des candidats. La technologie peut être utilisée comme une arme par les opposants politiques, mais aussi par des gouvernements hostiles. C'est ce qui ressort de la guerre psychologique menée par des pays tels que la Russie, l'Iran et la Chine contre les États-Unis. Les services de renseignement ont commencé à suivre les efforts visant à influencer et à diviser les citoyens américains par le biais des médias sociaux. Les campagnes de désinformation sont considérées comme une forme de guerre des communications et ont été extensivement déployées en ligne et via les médias sociaux lors des élections américaines de 2020. Cette approche est conforme à l'offensive d'informations, du président russe Vladimir Poutine, qui vise à exercer un contrôle réflexif sur les États-Unis.

Il s'agit d'un concept soviétique poussiéreux, probablement peu familier pour l'Américain moyen. Le contrôle réflexif consiste à s'immiscer dans le processus décisionnel d'un autre pays jusqu'au point où les résultats favorisent les intérêts russes. Selon le ministère russe de la Défense, « la manipulation psychologique massive de la population » permet d'atteindre cet objectif. Ce même ministère a mis en place une formidable machine psychologique exploitant des trolls en ligne, des hackers, des proxys numériques et des médias contrôlés par l'État russe. Cette armée sème la division en exagérant les conflits sur des questions telles que les droits des personnes LGBTQIA+, le contrôle des armes à feu, les vaccinations et l'avortement. Cette stratégie vise à d'accroître l'animosité entre les partis politiques et leurs partisans.

Parfois, les problèmes sont fabriqués de toutes pièces. C'est le cas des perturbations engendrées par les fuites d'e-mails du Comité national démocrate et de la campagne électorale d'Hillary Clinton en 2016. Ces e-mails ont été piratés par des agents russes supposés pro-Trump, mais le piratage n'a été confirmé qu'une fois les dommages causés. Néanmoins, même après cette confirmation, les e-mails ont continué à alimenter d'incessantes controverses pour la gauche comme pour la droite après 2016, alors qu'Hillary Clinton n'était plus autant sous les feux de l'actualité.

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GIF of U.S. presidential hopeful Bernie Sanders debating opponent Hillary Clinton, former U.S. Secretary of State

Mais les e-mails ne sont pas la seule technologie récemment remise en question. Le président des États-Unis, Donald Trump, a refusé d'admettre sa défaite lors de la course à la présidence de 2020, répétant encore aujourd'hui que des votes avaient été compromis. Ses affirmations ont alimenté le mouvement #StopTheSteal et incité Dominion Voting Systems, le fabricant des machines à voter utilisées en 2020, à poursuivre Fox Corporation (la société mère de Fox News), OAN et Newsmax pour diffamation. Les réseaux ont en effet continué à diffuser les affirmations du président Trump et à établir un lien entre Dominion et la fraude présumée. Au Brésil, le Président Jair Bolsonaro a émis des doutes similaires sur le système de vote électronique de son pays avant les élections d'octobre 2022.

Témoin de mensonges au niveau collectif, harcelé par les trolls des médias sociaux et envahi par les théories du complot, le public américain, de même que les publics d'Amérique latine et des Caraïbes, se trouvent en crise. Les personnes qui évitent les conflits et celles qui sont tout simplement épuisées politiquement se retirent complètement du processus politique tandis que la méfiance à l'égard du gouvernement s'accroît. Cette situation est très grave, préviennent les analystes. Lorsque les citoyens n'ont pas confiance en leur gouvernement, ils se désintéressent des politiques publiques et ne soutiennent plus les réformes institutionnelles qui favorisent la croissance et la prospérité à long terme.

L'agitation qui règne aux États-Unis contribue à susciter une inquiétude croissante à l'étranger. L'Amérique y est perçue comme étant en déclin et, plus inquiétant encore, la démocratie elle-même apparaît comme une forme de gouvernement fragile. Cette perception a ouvert la voie à des gouvernements autoritaires, à l'image de la Russie et de la Chine qui renforcent les liens avec l'Afrique, riche en minerais, et avec des pays géographiquement clés tels que l'Inde. Ce dernier pays s'est d'ailleurs montré réticent à rejoindre l'alliance des pays occidentaux en vue d'isoler Moscou dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Contrôler l'influence de la technologie sur la politique

Les responsables gouvernementaux, les militants civiques et les entreprises technologiques elles-mêmes ne se laissent pourtant pas abattre par les changements que la technologie a introduits dans la politique et dans la société. Leurs tentatives pour contrôler cette influence ont été variées, parfois (et de façon impressionnante) bipartites, et parfois étonnamment responsables. 

Législation antitrust et protection de la vie privée

A l'heure où nous écrivons, L'American Innovation and Choice Act et l'Open App Markets Act, bénéficient d'un soutien bipartisan dans les deux chambres du Congrès. Les législations proposées ont pour but de freiner les pratiques tarifaires excessives et la concentration du pouvoir économique et politique entre les mains des grandes entreprises technologiques, soupçonnées d'agir de manière anticoncurrentielle. 

Selon Robert Former, responsable de la sécurité des systèmes d'informations (RSSI) chez Acquia, : « Ce que vous observez dans le domaine de la technologie, avec Apple et d'autres, c'est qu'ils ont surpassé tous leurs concurrents. Ils sont devenus la référence d'une technologie spécifique - les médias sociaux en sont une bonne illustration. Le darwinisme économique a triomphé, et les plus puissants sont désormais perçus comme des tyrans ».

Aux États-Unis, Chuck Schumer, chef de la majorité sénatoriale, n'a pas encore soumis les deux projets de loi au vote, ce qui a suscité des doutes quant à son soutien relativement à ces mesures. Cependant, l'adoption en Europe en juillet 2022 d'une législation antitrust sans précédent indique que d'autres gouvernements sont prêts à réguler les grandes entreprises technologiques. La loi sur les services numériques de l'UE est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Elle donne aux citoyens plus de pouvoir sur ce qu'ils voient en ligne. Ils peuvent comprendre pourquoi un contenu numérique spécifique leur a été suggéré et peuvent refuser le profilage. Les entreprises ne peuvent pas diffuser de publicités ciblées aux mineurs, et l'exploitation de données sensibles, telles que l'appartenance religieuse et l'orientation sexuelle, est interdite.
 

Le Digital Markets Act est entré en vigueur peu après cette législation européenne. Il a pour objectif d'établir des règles équitables pour toutes les entreprises numériques, quelle que soit leur taille.

Ces initiatives s'inscrivent dans la lignée du RGPD entré en vigueur en 2016 et du California Consumer Privacy Act entré en vigueur en 2018. Ces deux textes offrent aux consommateurs une plus grande protection quant à la manière dont les entreprises collectent et utilisent leurs informations personnelles

Les cookies tiers, des fichiers de suivi numérique créés par des sites web autres que celui de l'entreprise, sont progressivement supprimés ou éliminés par de grandes entreprises technologiques telles que Firefox, Safari et Google. En 2021, Apple a également introduit la confidentialité de Mail. Cette fonctionnalité empêche les marketeurs d'utiliser des pixels invisibles pour collecter des informations auprès des destinataires d'Apple Mail. Ces différentes entreprises affirment que les changements opérés visent à protéger les consommateurs. Il se peut toutefois que les Big Tech préfèrent appliquer des restrictions générales plutôt que d'adapter leurs fonctionnalités et leurs politiques aux réglementations nationales en matière de confidentialité des données.
 

Protéger le matériel, élément essentiel de la technologie

Les États-Unis s'efforcent de réguler l'impact de la technologie et des grandes entreprises technologiques sur la politique et la société américaine. Parallèlement, ils proposent une législation destinée à protéger l'industrie des semi-conducteurs. Ces composants essentiels, qui alimentent une multitude d'appareils devenus aujourd’hui incontournables, sont aussi précieux que le pétrole pour les économies contemporaines, mais aussi pour les forces armées. Ils sont en effet utilisés dans les smartphones, les ordinateurs portables, les véhicules électriques et les objets connectés tels que les smartwatches.

Le Congrès américain a donc adopté le CHIPS and Science Act. Signée par le président Biden en août 2023, cette loi prévoit d'investir 39 milliards de dollars pour la construction d'usines de semi-conducteurs aux États-Unis. Elle prévoit également 11 milliards de dollars pour la recherche et le développement de semi-conducteurs.

Cette législation arrive-t-elle trop tard ? Il faut du temps non seulement pour construire les usines, mais aussi pour développer un véritable vivier de talents, de même que la communauté R&D d'où naissent les innovations. Des décennies de désinvestissement des États-Unis dans l'éducation, en particulier dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques, ont affaibli cette filière. Cette situation suscite des inquiétudes quant à la sécurité nationale et à la compétitivité mondiale du pays. Un tel contexte éclaire les tensions actuelles entre la Chine et les États-Unis au sujet de Taïwan, qui produit 90 % des semi-conducteurs avancés dans le monde.

On ne saurait trop insister sur ce fait. La Chine, les États-Unis et tous les pays développés ont besoin de ces semi-conducteurs pour leurs systèmes de défense antimissile, pour l'informatique quantique et pour la recherche sur l'intelligence artificielle. Ils en ont aussi besoin pour une multitude d'autres technologies essentielles à leur infrastructure, à leur sécurité et à leur mode de vie. Taïwan est actuellement indispensable aux superpuissances mondiales. C'est pourquoi, afin d'assurer leur sécurité et leur progression, elles doivent développer leur propre industrie de semi-conducteurs. 

Accès et neutralité du Net

Pour exploiter pleinement nos vies connectées, nous devons pouvoir accéder facilement aux technologies digitales. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence cette nécessité lorsque des milliards de personnes ont dû passer au télétravail et à l'enseignement à distance. Nous avons enseigné et appris dans des salles de classe virtuelles, organisé des réunions, des conférences et des événements en ligne, fait nos achats et commandé des repas au moyen d'applications. Selon McKinsey, cette transformation a accéléré d'au moins trois à sept ans la digitalisation des portefeuilles de produits, mais celle des relations avec clients et fournisseurs.

Cette accélération, qui a lieu dans le secteur privé, a besoin d'une contrepartie dans l'infrastructure publique. Selon la FCC, près de 30 millions d'Américains n'ont pas d'accès fiable à un service Internet fixe à haut débit. L'adoption de la loi 2021 Infrastructure Investment and Jobs Act vise à compenser cette inégalité numérique, en allouant 65 milliards de dollars à l'infrastructure large bande et aux programmes gouvernementaux qui soutiennent l'égalité d'accès pour tous.

Un effort similaire est en cours au sein du Sénat américain pour rétablir les règles de neutralité du Net révoquées pendant l'ère Ajit Pai de la FCC. La neutralité du Net, concept selon lequel Internet devrait être ouvert et égal pour tous, indépendamment du type d'appareil, d'application ou de plateforme, a été gravement entravée pendant cette période. La loi Net Neutrality and Broadband Justice Act, récemment proposée, vise à renforcer les protections liées à cette neutralité. Contrairement à la législation sur l'infrastructure, à la législation antitrust et à la législation sur les semi-conducteurs, cette question n'est soutenue que par un seul parti et l'adoption du projet de loi n'est en aucun cas garantie.

Selon Salesforce Research, l'accès peut également être considéré en termes de qualité de service. Par exemple, près de huit clients australiens sur dix affirment que les services publics numériques devraient être personnalisés en fonction de la situation particulière de chacun. Les auteurs du rapport ont constaté que la confiance que les clients accordent aux pouvoirs publics est étroitement liée à la qualité du service. Ce rapport constate également que les organisations gouvernementales qui ont offert le plus rapidement des services numériques pendant la pandémie étaient celles qui disposaient de plateformes cloud évolutives.

En outre, les gouvernements qui ont numérisé les services traditionnels, par exemple en adoptant des méthodes innovantes d'exécution de projets, ont remporté des victoires significatives. Ces approches ont permis de réduire les risques liés à la fourniture des services, d'accélérer la valeur ajoutée de plusieurs mois et de diminuer les coûts de près d'un tiers. Les systèmes informatiques traditionnels ne font pas partie de ce tableau. Par contre, les résultats des systèmes cloud ont dépassé toutes les espérances.

De façon générale, les gouvernements clairvoyants exploitent les innovations telles que la 5G, les technologies cloud-natives et l'Edge computing pour améliorer l'expérience de leurs administrés. Ils s'orientent également vers l'intelligence artificielle et l'Internet des objets (IoT) pour créer des villes plus intelligentes et améliorer la fourniture de services numériques. 

Automatisation et emplois

Les progrès de diverses technologies, notamment la robotique et l'IA, menacent les emplois, notamment dans les domaines de la préparation des aliments, de la fabrication et du transport routier. Ces emplois sont plus à risque que les emplois très créatifs ou très techniques. Une étude, réalisée par l'économiste Julian Jacobs, suggère que les personnes travaillant dans les secteurs les plus menacés par l'automatisation ont généralement une vision pessimiste de la politique, des médias, de l'économie et de l'humanité. Depuis 2000, ce groupe soutient de plus en plus les républicains, bien qu'en matière de politique économique, il soit plutôt orienté à gauche.

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Des systèmes robotisés construisent une voiture dans l'usine Jaguar Land Rover en Angleterre (Source : Getty Images)

Or, lorsque la commission sur l'éducation et le travail de la Chambre des représentants des États-Unis a voté la réautorisation de la loi Workforce Innovation and Opportunity Act,  aucun républicain n'a voté en sa faveur. Or cette loi prévoit la fourniture de fonds pour les programmes de formation du ministère du Travail. Ainsi, bien que 43 % des entreprises prévoient des réductions de personnel en raison des nouvelles technologies (selon l'enquête Future of Jobs survey du World Economic Forum), une politique partisane empêche toute amélioration des programmes de requalification. Par comparaison avec des pays tels que la Suède et l'Allemagne, qui ont déjà mis en place des systèmes de requalification à grande échelle, les États-Unis prennent du retard.

La promesse d'autonomisation de la technologie et de la politique

Il existe une infinité d'exemples de la façon dont la technologie alimente les divisions politiques dans le monde. Nous devons cependant nous rappeler que la technologie n'est qu'un outil. « Le problème, ce n'est pas la technologie », déclare Robert Former, RSSI d'Acquia, « mais plutôt la façon dont elle est utilisée ».

Les citoyens activistes et les journalistes peuvent également s'en servir pour le bien de la collectivité. Les traces numériques laissées par les liaisons sexuelles du député démocrate Anthony Wiener et du candidat démocrate au Sénat Cal Cunningham ont aidé les électeurs à mieux comprendre leurs représentants élus.

Ensuite, il y a le rôle central joué par Twitter lors du Printemps arabe entre 2010 et 2012, lorsque les manifestants au Moyen-Orient ont utilisé la plateforme pour organiser des protestations et d'autres activités. Les médias sociaux ont également joué un rôle important dans la coordination de l'engagement civique lors de la marche mondiale des femmes en 2017.  Ils ont également été utilisés lors des manifestations commémorant la mort de George Floyd en 2020 et, plus récemment, lors de l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021.

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Color photo of marchers in Atlanta on the one-year anniversary of George Floyd's death
À Atlanta, des manifestants défilent à l'occasion de la commémoration de la mort de George Floyd en 2021. (Source : Getty Images)

La Marche des femmes et l'assaut du 6 janvier, bien que situés aux extrémités opposées du spectre idéologique, illustrent tous deux une vérité inéluctable et porteuse d'espoir : l'impact de la technologie sur la politique dépend des personnes qui se trouvent derrière la technologie.

Open source et communauté

Si nous avons besoin d'un exemple, il nous suffit de penser aux logiciels open source (OSS), qui mettent leur code source à la disposition de tous pour consultation et modification, quel qu'en soit le but. Cette transparence favorise la collaboration, la confiance et la communauté, car développeurs, enseignants, concepteurs et organisations, grandes et petites, touchent à ce code. Une telle communauté décentralisée se définit par sa diversité en termes de localisation, d'ethnicité, de pensée et de contexte. C'est un terrain fertile pour l'innovation, car de nouvelles approches sont continuellement introduites et les faiblesses sont découvertes et améliorées.

C'est peut-être la raison pour laquelle la politique fédérale américaine exige que 20 % de tous les codes développés sur mesure soient des logiciels open source. Robert Former, RSSI d'Acquia, estime cependant que ce pourcentage devrait être plus élevé « tout simplement parce qu'il s'agit d'un environnement très propice au développement, propice à l'innovation ».

Il convient toutefois de faire preuve de prudence, prévient-il. « L'open source soulève de nombreux problèmes liés à la provenance des logiciels. D'où viennent-ils ? Qui a validé le code ? », ce sont des questions à poser. « De façon générale, votre communauté open source produira des fonctionnalités beaucoup plus rapidement que votre communauté commerciale, mais en adoptant l'open source, vous acceptez la responsabilité de sa sécurité. Vous acceptez la responsabilité de la maintenance du système. »

Le gouvernement américain gère le Federal Risk and Authorization Management Program (FedRAMP). Ce programme met en place des garde-fous, non seulement pour les logiciels open source, mais aussi pour tous les fournisseurs qui proposent des produits ou des services à une agence fédérale. Ce programme établit une approche normalisée pour l'évaluation de la sécurité, l'autorisation et la surveillance constante des produits et services cloud.

« Les agences fédérales peuvent uniquement utiliser des produits cloud qui ont été soumis à ce processus », explique M. Former, mais le niveau de sécurité des fournisseurs qui réussissent et reçoivent une  autorisation d'exploitation (ATO), est automatiquement plus élevé. En fait, c'est « une bonne idée pour les entreprises commerciales de suivre ces ATO. C'est un indicateur, un baromètre de l'engagement d'une entreprise vis-à-vis de la sécurité et de la conformité, et ce n'est pas une autorisation facile à obtenir ».

Selon Dries Buytaert, CTO et co-fondateur d'Acquia et de Drupal, le gouvernement américain manque une autre opportunité. Il ne s'agit pas seulement d'imposer un pourcentage plus élevé de logiciels open source développés sur mesure par le gouvernement fédéral. Selon lui, si un logiciel est développé avec l'argent des contribuables, « la règle devrait être : 'si un logiciel est développé avec des fonds publics, alors son code doit être public' ».

Dans certaines situations, il est évident que cette règle ne s'applique pas. C’est le cas en particulier du développement de logiciels militaires sensibles. Néanmoins, les États-Unis pourraient étudier l'exemple de pays tels que la Bulgarie, qui ont adopté cette approche, pour comprendre comment un référentiel de code source national peut fonctionner.

Et maintenant ?

À mesure que la technologie progresse, son impact sur les systèmes et les processus politiques va inévitablement évoluer. De même, si les gouvernements, les politiciens et les citoyens maintiennent entre eux et avec le monde en général des interactions dynamiques, ils influeront également sur la technologie et sur son évolution. La technologie et la politique sont engagées dans une relation dialectique, et cette relation est influencée par les individus et les communautés.

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